Not angels, 1 pour 2 avant, 2 pour un maintenant !

   Fait inhabituel : j’ai rangé le cagibi aujourd’hui (ça rime). C’était pas une partie de plaisir croyez moi, mais j’en avais assez d’entendre la voix douce et mielleuse de ma mère crier : « Oh, j’en ai marre, je suis pas la femme de ménage, ya que moi qui range ici ! Trang, range moi ce bazar » (oui, on m’appelle Trang à la maison).

Quoiqu’il en soit, je suis très contente (enfin faut pas exagéré) d’avoir rangé ce chantier. J’ai pu y découvrir quelques livres qui appartenaient à mon père (Ovide, Kafka, Colette, Tolstoï entre autre). Pour vous, il n’y a peut-être rien de spécial ici, mais pour moi si. J’ai toujours considéré mon père comme un scientifique et pas un littéraire, presque comme un inculte de livres (il le dit lui-même : ironie socratique ? il se minore ?), et comme il était au Viet Nam quand il a lu ces livres, je n’avais jamais pensé qu’il pouvait lire autre chose qu’un livre vietnamien (malgré la colonisation française). Et même si il n’y avait qu’une œuvre de chaque auteur, j’ai été vraiment agréablement surprise. Et maintenant, ces livres me reviennent.

D’ailleurs, ça me rappelle quelque chose qui m’est arrivé il y a quelques temps. J’avais emprunté un livre (les Essais de Montaigne) à la bibliothèque municipale, et lorsque j’ai tourné une page, qu’est-ce que je vois ? Une image. Une belle image d’un dauphin. Mais pas n’importe quelle image! C’était l’image qu’une amie de ma cousine (qui m’idolâtre… oui, bon, d’accord, qui m’aime bien quoi) m’avait offerte. Je l’avais utilisée comme marque page lorsque j’avais auparavant déjà emprunté les Essais de Montaigne, et que j'ai sans doute du l'oublier dans le livre.

Quel rapport avec les livres de mon père ? La succession par les livres. C’est tout un héritage qui se transmet. J’hérite des livres de mon père et de ce qu’il a appris par ces livres, et j’hérite de quelque chose qui m’a servi pour lire Montaigne et qui a servi à tous ceux qui ont lu Montaigne après moi (à moins que je ne sois la seule Maisonnaise à lire les Essais de Montaigne, à mais c’est vrai ça, et si j’étais la seule à lire ce bouquin, ça expliquerait pourquoi je retrouve le marque-page et pourquoi on ne me l’a pas volé ! oui, mais ça enlève toute la magie de ce que je disais… bon, c’est pas grave, disons que je ne suis pas la seule à me cultiver et à lire Montaigne...).

Et je vais finir cet article par une jolie phrase de Calvino qui résume bien cet article, et me permet de faire une ouverture (attendez, il faut que je m’en souvienne) : « les livres gardent en eux la trace des lectures qui ont précédé les nôtres et… » (ma mémoire me fait défaut, une minute) « qui… » (deux heures plus tard…, ah ! ça y est ! : ) « les livres, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu’ils ont laissée dans la ou les cultures qu’ils ont traversées (ou, plus simplement, dans le langage et les mœurs) » (oui, j’avoue, j’ai du la retrouver sur le net…)